Chapitre
7. À deux ou trois dimensions
7.01
En deux pièces
Problème
1
Comment
peut-on partager une planche de 4 centimètres sur 4 centimètres en deux
pièces pour obtenir une figure de même dimension ?
Démarche
On
peut glisser le rectangle en jaune de la première figure à gauche du
rectangle restant. On obtient le rectangle de droite :
Problème
2
Comment
peut-on partager une planche de 4 centimètres sur 6 centimètres en deux
pièces pour obtenir une figure de même dimension ?
Démarche
On
peut glisser le rectangle en jaune de la figure de gauche sous le carré
restant On obtient le rectangle de droite :
Problème
3
Comment
peut-on partager une planche de 4 centimètres sur 5 centimètres en deux
pièces pour obtenir une figure de même dimension ?
Démarche
On
peut glisser la partie de droite de la figure en jaune vers le haut à
gauche. On obtient le rectangle de droite :
La largeur de la marche est de 1 centimètre et la
hauteur est de 1 centimètre.
Problème
4
Comment
peut-on partager une planche de 2 centimètres sur 6 centimètres en deux
pièces pour obtenir une planche de 3 centimètres sur 4 centimètres ?
Démarche
On
peut glisser la partie en jaune de la première figure vers le haut à
gauche. On obtient le rectangle de droite :
La
largeur de la marche est de 2 centimètres et la hauteur est de 1 centimètre.
Problème
5
Comment
peut-on partager une planche de 4 centimètres sur 12 centimètres en deux
pièces pour obtenir une planche de 6 centimètres sur 8 centimètres ?
Démarche
On
peut glisser la partie en jaune de la première figure vers le haut à
gauche. On obtient le rectangle de droite :
La
largeur de la marche est de 4 centimètres et la hauteur est de 2 centimètres.
* * * * * * *
7.02
Histoire d’un escalier
Un
apprenti géomètre a dessiné sur papier un escalier dans une grille carrée.
Il n’y a pas de doute. L’escalier ne s’est pas effondré. Toutefois,
le maître de l’apprenti a d’autres préoccupations. Voici la représentation
d’un escalier de 10 marches :
Problème
1
Combien a-t-on besoin de petits carrés pour
confectionner un escalier de 100 marches, en considérant le palier supérieur
comme une marche ?
Démarche
Pour
la marche du haut, on a besoin de 1 carré.
Pour
les deux marches du haut, on a besoin de 3 carrés.
Pour
les trois marches du haut, on a besoin de 6 carrés.
Pour
les quatre marches du haut, on a besoin de 10 carrés.
La
suite est 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, etc. C’est la suite des nombres
triangulaires. Le terme général est n(n + 1)/2. Pour un escalier de 100
marches, on remplace n par 100. Le résultat est 5050.
On
a besoin de 5050 petits carrés pour un escalier de 100 marches.
Problème
2
Combien peut-on compter de carrés 2 × 2 dans un
escalier de 100 marches ?
Démarche
Sur
la première rangée horizontale, on compte 0 carré 2 × 2.
Sur
les deux premières rangées horizontales, on compte 0 carré 2 × 2.
Sur
les trois premières rangées horizontales, on compte 1 carré 2 × 2.
Sur
les quatre premières rangées horizontales, on compte 3 carrés 2 × 2.
Sur
les cinq premières rangées horizontales, on compte 6 carrés 2 × 2.
Sur
les six premières rangées horizontales, on compte 10 carrés 2 × 2.
On
retrouve la même suite précédée de deux 0 : 0, 0, 1, 3, 6, 10,
15, 21, 28, etc. On remplace n par (n – 2) dans le terme général trouvé
précédemment. Au lieu d’avoir n(n + 1)/2, on a (n – 2)(n – 2 +
1)/2, soit (n – 2)(n – 1)/2 pour n ≥ 2.
On
remplace n par 100. On peut compter 4851 carrés 2 × 2.
Problème
3
Combien peut-on compter de carrés 3 × 3 dans un
escalier de 100 marches ?
Démarche
Sur
les quatre premières rangées horizontales, on compte 0 carré 3 × 3.
Sur
les cinq premières rangées horizontales, on compte 1 carré 3 × 3.
Sur
les six premières rangées horizontales, on compte 3 carrés 3 × 3.
Sur
les sept premières rangées horizontales, on compte 6 carrés 3 × 3.
Sur
les huit premières rangées horizontales, on compte 10 carrés 3 × 3.
On
retrouve la même suite précédée de quatre 0 : 0, 0, 0, 0, 1, 3,
6, 10, 15, 21, 28, etc. On remplace n par (n – 4) dans le terme général
trouvé dans la première démarche. Au lieu d’avoir n(n + 1)/2, on a (n
– 4)(n – 4 + 1)/2, soit (n – 4)(n – 3)/2 pour n ≥ 4.
On
remplace n par 100. On peut compter 4656 carrés 3 × 3.
Problème
4
Combien peut-on compter de carrés 4 × 4 dans un
escalier de 100 marches ?
Démarche
On
procède de la même façon. Le terme général est (n – 6)(n – 5)/2
pour n ≥ 6. On remplace n par 100. On peut compter 4465 carrés 4 ×
4.
Problème
5
Combien peut-on compter de carrés 5 × 5 dans un
escalier de 100 marches ?
Démarche
On
procède de la même façon. Le terme général est (n – 8)(n – 7)/2
pour n ≥ 8. On peut compter 4278 carrés 5 × 5.
Problème
6
Combien peut-on compter de carrés de toute taille
dans un escalier de 100 marches ?
Démarche
On
peut compter 5050 carrés 1 × 1, 4851 carrés 2 × 2, 4656 carrés 3 ×
3, 4465 carrés 4 × 4, 4278 carrés 5 × 5. Ces entiers sont formés par
le demi-produit de deux nombres consécutifs. Par exemple, 4278 = (92 ×
93)/2. Ce sont des triangulaires respectivement de rangs 100, 98, 96, 94
et 92.
Le
problème consiste à additionner les nombres triangulaires de rangs pairs
de 2 à 100. Pour éviter de longs calculs, on part des plus petits
nombres triangulaires de rangs pairs, soit 3, 10, 21, 36, 55, etc. On les
additionne de façon consécutive. Par exemple, on fait : 3 + 10 =
13, 3 + 10 + 21 = 34, 3 + 10 + 21 + 36 = 70, etc. Cela donne : 3, 13,
34, 70, 125, etc.
On
fait le tableau des différences successives.
3
|
|
13
|
|
34
|
|
70
|
|
125
|
Suite de degré 3
|
|
10
|
|
21
|
|
36
|
|
55
|
|
Suite de degré 2
|
|
|
11
|
|
15
|
|
19
|
|
|
Suite de degré 1
|
|
|
|
4
|
|
4
|
|
|
|
Suite de degré 0
|
La
suite cherchée est donc de degré 3. Le terme général est an3
+ bn2 + cn + d où n est le rang du terme.
Si
n = 1, on a : a + b + c + d = 3.
Si
n = 2, on a : 8a + 4b + 2c + d = 13.
Si
n = 3, on a : 27a + 9b + 3c + d = 34.
Si
n = 4, on a : 64a + 16b + 4c + d = 70.
On
résout les quatre équations. On trouve : a = 2/3, b = 3/2, c = 5/6,
d = 0. Le terme général de la suite est : (4n3 + 9n2
+ 5n)/6. Comme on a considéré seulement les rangs pairs, on remplace n
par 50 : ce qui donne 87 125.
On
peut compter 87 125 carrés de toute taille dans un escalier de 100
marches.
* * * * * * *
7.03
Des allumettes
Problème
Vous
disposez 12 allumettes comme ci-dessous pour former quatre petits carrés.
Vous décidez d’élargir la figure vers la droite, toujours en formant
des petits carrés de même grandeur.
Combien
d’allumettes seront nécessaires pour former 1000 petits carrés ?
Démarche
1
En
lisant cet énoncé, la panique s’installe. « Jamais, dites-vous,
je vais essayer de dessiner les petits carrés, cela va prendre beaucoup
trop de temps. » Vous avez raison. Si on avait demandé le nombre
d’allumettes nécessaires pour construire 10 petits carrés ou 5
colonnes de carrés, une stratégie consistant à les représenter aurait
pu être utilisée à bon escient, mais pas dans ce cas.
Alors,
on va analyser la figure. Pour tracer la première colonne de carrés, il
faut 7 allumettes. Pour tracer la deuxième colonne, il faut 5 allumettes.
Chaque fois où vous ajoutez une colonne, il faut toujours 5 allumettes de
plus. On peut établir le tableau suivant :
Colonnes
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
Allumettes
|
7
|
12
|
17
|
22
|
27
|
32
|
37
|
42
|
Pour
8 colonnes de carrés, il faut 42 allumettes. Vous vous arrêtez un
instant. Il serait trop long de se rendre jusqu’à la colonne 500. Vous
remarquez que, pour chaque nombre de colonnes du tableau, vous multipliez
ce nombre par 5 et vous additionnez 2. Ainsi, pour 7 colonnes, on a :
7 × 5 + 2 = 37 allumettes.
Pour
500 colonnes, on aura : 500 × 5 + 2 = 2502 allumettes. Le problème
est résolu.
Démarche
2
Cela
prend 5 allumettes par colonne ajoutée, sauf la première qui en a 2 de
plus. Alors, on multiplie 500 par 5 et on additionne 2.
Cela
donne 2502 allumettes.
Démarche
3
Horizontalement,
on aura 3 rangées de 500 allumettes : ce qui fera 1500 allumettes.
Verticalement, on aura 501 rangées de 2 allumettes : ce qui fera
1002 allumettes. Or, 1500 + 1002 = 2502.
On
a besoin de 2502 allumettes.
* * * * * * *
7.04
Histoire de musées
En
mars 2014, j’ai reçu un courriel d’une enseignante de Suisse qui
m’a proposé le problème ci-dessous. Elle voulait savoir quelle était
la meilleure façon pour ses élèves de 11 et 12 ans de le résoudre.
Problème
Un
premier musée est composé d’une pièce carrée avec sur chaque côté
une porte, soit 4 portes en tout. Un
deuxième musée est composé de 4 pièces carrées disposées en un
carré, soit 12 portes en tout.
Un
troisième musée est composé de 9 pièces carrées disposées en un carré,
soit 20 portes en tout, et ainsi de suite. On doit trouver le nombre total
de portes pour le nème
musée.
Commentaires
Ce
problème peut être soumis à des élèves de tous les niveaux, soit du
primaire à l’université, à la condition d’avoir une question adaptée.
Par exemple, au primaire, on demandera le nombre de portes pour le sixième
musée.
Démarche
au primaire
À
main levée, on dessine une grille 6 × 6. On compte le nombre de droites
horizontalement et verticalement. On trouve 7 droites horizontalement et 7
droites verticalement, soit un total de 14 droites. Sur chaque droite, il
y a 6 portes. On fait : 14 × 6 = 84.
Le
sixième musée a 84 portes.
Il
est probable que certains élèves feront le décompte des portes, une par
une, sur la grille. Il y a alors risque d’erreurs. Lorsque l’élève
apprendra qu’il existe une démarche plus courte, il en sera peut-être
séduit. La prochaine fois, il réfléchira sans doute davantage avant de
se lancer dans la résolution.
Démarches
au plus haut niveau
Voici
maintenant trois démarches qui sont accessibles aux élèves ayant étudié
l’algèbre :
Démarche
1. Par induction
Pour
le premier musée, on a : 4 = 1 × 4.
Pour le deuxième musée, on a : 12 = (1 × 4) + (2 × 4) ou encore
(1 + 2) × 4.
Pour le troisième musée, on a : 24 = (1 × 4) + (2 × 4) + (3 × 4)
ou encore (1 + 2 + 3) × 4.
Pour
n musées, le nombre de portes P
= (1 + 2 + 3 + 4 + … + n) ×
4.
Or,
(1 + 2 + 3 + 4 + … + n) = n(n
+ 1)/2.
En
multipliant par 4, on obtient : P = 2n(n
+ 1).
Démarche
2. Par induction (bis)
Pour
le premier musée, on a : 4 = 2 × 1 × 2.
Pour
le deuxième musée, on a : 12 = 2 × 2 × 3.
Pour
le troisième musée, on a : 24 = 2 × 3 × 4.
Pour
le ne
musée, on aura : P = 2 × n ×
(n + 1) = 2n(n + 1).
Démarche
3. Par déduction
On
s’inspire de la démarche adoptée au primaire. Il y a (n + 1) droites horizontalement et (n + 1) droites verticalement, soit un total de 2(n
+ 1) droites. Sur chaque droite, il y a n
portes. On fait : 2(n + 1)
× n = 2n(n
+ 1).
Conclusion
Comme
on le voit, il y a souvent plusieurs façons de résoudre un problème, le
tout dépendant des connaissances et des habiletés mathématiques de la
personne à qui le problème est posé.
Pour
ceux qui connaissent la théorie des nombres, le nombre de portes est égal
à quatre fois un nombre triangulaire.
* * * * * * *
7.05
La marche de l’ivrogne
Qui
aurait pensé que la marche d’un ivrogne qui se fait en zigzaguant
aurait pu inspirer les mathématiciens afin de créer une formule visant
à mesurer le trajet parcouru ?
Il
arrive qu’une personne fortement intoxiquée se déplace sans observer
une trajectoire droite. En mathématiques, on dit que son trajet forme une
ligne brisée continue. Voici un problème d’origine inconnue :
Problème
Un
ivrogne part d'un point dans un espace assez grand et marche en
zigzaguant.
À quelle distance de son point de départ sera-t-il après
avoir effectué un nombre déterminé de zigzags ? »
Démarche
On
a trouvé que la distance la plus probable de son point de départ est égale
à la longueur moyenne de chacun des zigzags, multipliée par la racine
carrée de leur nombre. C’est une formule simplifiée. Il existe des
algorithmes plus précis.
Par
exemple, si la longueur moyenne des zigzags est de trois mètres et que
l’ivrogne fait 16 zigzags, on fait : 3 × √16 = 12. Alors
qu’il a marché 48 mètres, il est à 12 mètres de son point de départ.
Conclusion
En
mathématiques, on appelle parfois « marche de l’ivrogne »
toute marche aléatoire, c’est-à-dire une marche dont les pas sont indépendants
les uns des autres. Le biostatisticien Karl Pearson a écrit :
« Dans un pays ouvert, l'endroit le plus probable pour trouver un
ivrogne encore capable de tenir sur ses pieds se trouve quelque part dans
le voisinage de son point de départ. »
* * * * * * *
7.06
Ponts de Königsberg
Un
certain jour, en regardant un film, j’ai entendu un professeur de mathématiques
parler du problème des sept ponts de Königsberg. Ce problème a été
posé par Leonhard Euler (1707-1783) en 1736. La ville de Königsberg, qui
est une île, a vraiment existé en Russie. Le nom a été changé en 1946
pour Kaliningrad. Elle est reliée à la terre ferme par sept ponts. Voici
un schéma de la situation :
Problème
Trouvez
un chemin partant d'un point quelconque de la ville et permettant de
traverser une et une seule fois chacun des sept ponts pour revenir au
point de départ.
Au
18e siècle, de nombreuses personnes ont tenté de dénouer
l’énigme, mais sans succès. Toutefois, cela n’était pas suffisant
pour démontrer l’impossibilité du problème.
Démarche
Euler
a donné une démonstration qui a permis l’éclosion d’une nouvelle
branche des mathématiques : la théorie des graphes. La règle
d'Euler est simple. On compte le nombre de ponts aboutissant à chaque
rive. Au nord, on compte trois chemins de sortie des ponts. Au sud et à
l’ouest, on compte aussi trois chemins.
Selon
Euler, si plus de deux résultats sont impairs, il n'y a pas de solution.
Par ailleurs, si tous les résultats sont pairs ou si seulement deux sont
impairs, il existe au moins une solution. Le grand mathématicien a
tracé un graphe (représentation graphique) qui permet de visualiser la
situation.
Sans
passer plus d’une fois sur un même pont, il faut un nombre pair de
ponts pour quitter un secteur et y revenir. Si on part d’un secteur qui
donne accès à trois ponts, on pourra sortir de ce lieu par un pont, y
revenir et y ressortir. Le nombre impair de ponts ne permet pas de revenir
au point de départ. La parité est donc un élément important. La même
situation se produit pour le veilleur de nuit qui doit visiter un certain
nombre de pièces. S’il devait franchir une porte une seule fois, il
devrait y avoir deux portes par pièce. Et s’il y avait trois portes,
après les avoir toutes utilisées, il serait prisonnier de la pièce.
D’autres
problèmes analogues ont été posés par la suite. On peut faire des
recherches de solution pendant des heures ; mais quand on connaît la règle
d’Euler, les problèmes deviennent simples. D’ailleurs, voilà
pourquoi, on enseigne des règles en mathématiques. Le but de tout cela
est de simplifier la démarche de résolution. Toutefois, il est toujours
important d’intégrer les règles pour que ça ne devienne pas une
application mécanique.
Les
cours traditionnels de mathématiques élémentaires n’incluent pas la
théorie des graphes, après plus de trois siècles de sa conception. Elle
est réservée aux cours universitaires. On devrait sérieusement songer
à introduire une initiation aux graphes dans les cours du secondaire. On
pourrait étudier des sujets précis comme le coloriage des cartes, les déplacements
sur le tablier d’échecs, les réseaux de communication, etc.
* * * * * * *
7.07
Dénombrement de figures
Problème
Dans
la figure ci-après, chaque L est constitué de quatre petits carrés. On
demande de déterminer le nombre de L dans cette figure.
Démarche
1
On
compte les L en les pointant un à un. Toutefois, avec les yeux seulement,
il est difficile de les compter.
Démarche
2
On
imprime la figure. On compte les L en les colorant en foncé ou en faisant
une marque.
Démarche
3
On
considère les deux rangées horizontales du bas. On peut y compter l’équivalent
de 5,5 L. Comme la figure est composée de 8 rangées horizontales, on
multiplie 5,5 par 8 et on divise par 2.
Démarche
4
On
considère les deux rangées verticales de droite. On peut y compter l’équivalent
de 4 L, soit une moyenne de 2 L par rangée verticale. Comme la figure est
composée de 11 rangées verticales, on multiplie 2 par 11.
Démarche
5
La
figure est un rectangle 8 × 11. On peut y compter 88 petits carrés.
Comme chaque L occupe 4 petits carrés, on divise 88 par 4.
On
aura compris qu’il y a 22 L dans cette figure.
Conclusion
Souvent
à partir d’un problème simple, il est possible d’appliquer plusieurs
démarches. Après avoir trouvé une réponse, il est recommandé
d’utiliser une seconde démarche qui sert alors de vérification.
* * * * * * *
7.08
Un géoplan
Le
géoplan est un outil didactique. Sur une planche de bois ou de plastique,
des clous sont fixés à égale distance l’un de l’autre autant
horizontalement que verticalement. À l’aide d’élastiques, on peut
représenter différentes figures géométriques.
Problème
Combien
peut-on compter de carrés dans une grille 3 × 3 d’un géoplan ?
Démarche
On
trace chacun des carrés possibles. On peut compter six carrés. En voici
l’illustration :
Extension
du problème
Voici
le nombre possible pour chacune des figures suivantes :
• Triangles isocèles : 36
• Triangles rectangles non isocèles : 16
• Autres triangles : 24
•
Nombre total de triangles : 76
• Rectangles : 4
• Parallélogrammes : 12
• Trapèzes rectangles : 24
• Trapèzes non rectangles : 4
• Cerfs-volants : 4
• Flèches : 8
• Autres quadrilatères convexes : 16
• Autres quadrilatères concaves : 16
•
Nombre total de quadrilatères : 94
* * * * * * *
7.09
Triangles rectangles
Problème
1
Comment
procède-t-on pour trouver au moins deux triangles rectangles dont les côtés
de l’angle droit ont des mesures entières et dont l’hypoténuse est
la même, mais pas nécessairement un entier ?
Démarche
On
choisit deux carrés. Par exemple, 22 et 32. La
somme est 13. On choisit à nouveau deux autres carrés. Par exemple, 42
et 52. La somme est 41. On multiplie les deux sommes : 13
× 41 = 533. Nous allons montrer comment trouver deux couples de carrés
d’entiers dont la somme est 533.
On
peut disposer les nombres en tableaux et faire les opérations indiquées.
2
|
3
|
|
3
|
2
|
|
15
|
+
|
8
|
=
|
23
|
(A)
|
×
|
×
|
|
×
|
×
|
|
15
|
–
|
8
|
=
|
7
|
(B)
|
4
|
5
|
|
4
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
=
|
=
|
|
=
|
=
|
|
12
|
+
|
10
|
=
|
22
|
(B)
|
8
|
15
|
|
12
|
10
|
|
12
|
–
|
10
|
=
|
2
|
(A)
|
Dans
les deux premiers tableaux, on trouve les produits des chiffres 2, 3, 4 et
5. Dans le troisième, on utilise les produits. Les valeurs munies de la même
lettre résultent d’opérations de signes contraires. De A, on tire :
22 + 232 = 533. De B, on tire : 72 +
222 = 533.
L’hypoténuse
du triangle rectangle mesure √533
ou 23,1 unités et les côtés de l’angle droit 2 et 23 unités ou
encore 7 et 22 unités.
Démonstration
On
peut démontrer que cette façon de procéder est valide en décomposant
le produit de la somme des couples. En effet, (a²
+ b²)(c² + d²) = (ac
+ bd)² + (ad
– bc)² et (a² + b²)(c²
+ d²) = (ac – bd)² + (ad
+ bc)².
Problème
2
Trouvez les mesures des côtés de l’angle droit
de deux triangles rectangles dont la mesure de l’hypoténuse est √493
unités. Solution 7.09-2
* * * * * * *
7.10 Chemins de grilles
Problème
Combien y a-t-il de chemins pour se
rendre dans la case du coin inférieur droit d’une grille carrée si on
part de la case du coin supérieur gauche et si on procède toujours de
gauche à droite et de haut en bas sans jamais revenir en arrière ?
Démarche
Dans une grille 1 × 1, il y a un seul
chemin. Dans une grille 2 × 2, on compte 2 chemins.
Une
grille 3 × 3
Dans une telle grille, il y a 6 chemins
différents. Les voici :
1
|
2
|
3
|
|
1
|
2
|
3
|
|
1
|
2
|
3
|
|
1
|
2
|
3
|
|
1
|
2
|
3
|
|
1
|
2
|
3
|
2
|
3
|
4
|
|
2
|
3
|
4
|
|
2
|
3
|
4
|
|
2
|
3
|
4
|
|
2
|
3
|
4
|
|
2
|
3
|
4
|
3
|
4
|
5
|
|
3
|
4
|
5
|
|
3
|
4
|
5
|
|
3
|
4
|
5
|
|
3
|
4
|
5
|
|
3
|
4
|
5
|
Une
grille 4 × 4
Dans
cette grille, on compte 20 chemins.
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
|
2
|
3
|
4
|
5
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
3
|
4
|
5
|
6
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
|
4
|
5
|
6
|
7
|
Une
grille 5 × 5
Dans
cette grille, on compte 70 chemins : 35 en passant par la case 2 de
la première ligne et 35 en passant par la case 2 de la deuxième ligne.
On peut
entrer les données dans ce tableau.
Grilles
|
1 × 1
|
2 × 2
|
3 × 3
|
4 × 4
|
5 × 5
|
Chemins
|
1
|
2
|
6
|
20
|
70
|
Cas
général
Le nombre
de chemins peut être décomposé ainsi :
1 × 1 : 1
2 × 2 :
1 × 2 = 2
3 × 3 :
(1 + 2)2 = 6
4 × 4 :
(1 + 3 + 6)2 = 20
5 × 5 :
(1 + 4 + 10 + 20)2 = 70
6 × 6 :
(1 + 5 + 15 + 35 + 70)2 = 252
Par
exemple, pour passer de 5 × 5 à 6 × 6, on fait :
1 + 4 = 5
1 + 4 + 10 = 15
1 + 4 + 10 + 20 = 35
1
+ 4 + 10 + 20 + 35 = 70
(1 + 5 +
15 + 35 + 70)2 = 252
Le terme
général est (2n – 2)!/[(n – 1)!]2.
Si n = 5,
on a : (8)!/(4!)2 = 70.
Si n = 6,
on a (10)!/(5!)2 = 252.
La suite
est : 1, 2, 6, 20, 70, 252, 924, 3432, 12 870, 48 620, 184 756, 705 432, … On voit que la
croissance est très rapide.
Une
illustration
Ces données
se trouvent en colonne centrale dans le triangle de Pascal.
* * * * * * *
7.11
Entre deux points
Problème
Le plus court chemin entre deux points est-il
vraiment la droite ?
Explications
Tout le monde a appris à l’école que le plus
court chemin entre deux points est la droite. C’est le
mathématicien grec Euclide qui a vécu vers 300 av. J.-C. qui, le
premier, l’a affirmé dans un livre intitulé les Éléments.
Par la suite, d’autres géomètres ont contesté cette affirmation et
ont plutôt tenté de prouver que c’est la courbe qui est le plus court
chemin. Ils ont ainsi créé des géométries qu’on appelle non
euclidiennes.
Si un de vos amis demeure en
face de chez-vous sur la rue parallèle voisine, le plus court chemin pour
s’y rendre est-il la ligne droite ? Oui, s’il n’y a pas
d’obstacles comme une haie de cèdre ou une palissade et si vous ne
voyez pas d’inconvénient à passer sur une propriété privée. Non, si
vous devez passer par la rue transversale la plus proche.
Vous arrivez face à une
montagne. Si vous suivez une droite, vous devrez faire l’ascension de la
montagne et en redescendre. Quelle dépense d’énergie ! Vous
pouvez contourner la montagne à la condition qu’elle ne s’étende pas
sur des kilomètres. Dans ce cas, il est probable que la ligne droite ou
le détour ne présentent pas une solution pour vous, à moins de
commander un hélicoptère pour respecter la ligne droite.
Admettons qu’il vous est
possible, en marchant, d’atteindre un point en ligne droite. Comme la
terre est ronde, en réalité, vous suivez une ligne courbe. Évidemment,
la différence de longueur entre la droite sur papier et la courbe réelle
est négligeable. Mais si vous deviez parcourir des milliers de kilomètres,
c’est une autre affaire.
Il arrive, dans les
conversations, que votre interlocuteur n’adopte pas la ligne droite pour
vous passer un message. Il préfère y aller par des détours : ce
qui se rapproche davantage de la ligne courbe. S’il y va tout
droit, on dit qu’il est franc. S’il préfère les détours, au Québec,
on dit qu’il est ratoureux.
Bref, la géométrie
euclidienne est parfaite sur papier ; mais quand on la confronte à
la réalité elle perd quelques plumes … droites ou courbes.
Un proverbe mali s’énonce
ainsi :
« Le chemin le plus court pour aller d'un point à un autre n'est
pas la ligne droite, mais le rêve. »
* * * * * * *
7.12
Abracadabra
Ce mot est relié au mystère ou à la magie. Il accompagne
souvent une formule magique. On le retrouve dans le scénario d’énigmes
notamment pour attirer l’attention du lecteur (Abracadabra, écoute bien
mes paroles), pour déclencher un mouvement (Abracadabra, porte ouvre-toi)
ou pour dépeindre un climat spécial (Abracadabra, la peur s’infiltra
en chacun).
Problème
1
Après
avoir formé un triangle avec ABRACADABRA, calculez le nombre de fois que
ce mot peut être lu.
A
B . B
R . R . R
A . A . A . A
C . C . C . C . C
A . A . A . A . A . A
D . D . D . D . D . D . D
A . A . A . A . A . A . A . A
B . B . B . B . B . B . B . B . B
R . R . R . R . R . R . R . R . R . R
A . A . A . A . A . A . A . A . A . A . A
|
Démarche
AB
peut être lu deux fois, ABR quatre fois, ABRA huit fois, ABRAC 16 fois,
etc. Soit n le rang des lignes, le mot partiel peut être lu 2n-1.
On compte 11 lignes : cela fait 210.
Il
y a 1024 façons de lire ABRACADABRA.
Problème
2
Après
avoir formé la figure de gauche avec ABRACADABRA, calculez le nombre de
fois que ce mot peut être lu.
Démarche
Le
mot peut être lu 200 fois, comme on le constate à droite du tableau.
A
B . B
R . R . R
A . A . A . A
C . C . C
A . A
D . D . D
A . A . A . A
B . B . B
R . R
A
|
1
1
. 1
1
. 2 .
1
1
. 3 .
3 . 1
4
. 6 . 4
10
. 10
10
. 20 . 10
10
. 30 . 30 . 10
40
. 60
. 40
100
. 100
200
|
* * * * * * *
7.13
La tour de Hanoï
Édouard
Lucas naît le 4 avril 1842 à Amiens, en France. Les résultats de ses
recherches sur la théorie des nombres devaient comporter quatre volumes.
Malheureusement, il meurt en 1891 suite à une gangrène après avoir été
atteint par une pile d’assiettes lors d’un banquet.
Il
publia quatre tomes de Récréations
mathématiques, dont deux à titre posthume. Ces quatre livres sont
considérés comme un classique dans le domaine. L’auteur y a repris
certaines récréations ou jeux anciens pour lesquels il a proposé des
solutions originales et de nombreuses variantes. Il y a également
introduit des problèmes originaux qui ont inspiré des auteurs postérieurs.
Édouard
Lucas a inventé le solitaire qu’il a appelé la tour de Hanoï. Ce
solitaire, vendu comme jouet dès 1883, est composé d'une planchette
horizontale et de trois chevilles verticales. En voici la forme :
Au
départ, huit disques de grandeur décroissante de bas en haut sont enfilés
sur une cheville. Il s'agit de transférer les disques sur l'une des deux
autres chevilles en déplaçant un disque à la fois et en plaçant
toujours un disque sur un autre plus grand, tout en faisant le moins
possible de mouvements.
Problème
1
Combien
de mouvements sont nécessaires pour transférer les huit disques ?
Démarche
S’il
y avait un seul disque, 21 – 1 = 1 mouvement serait nécessaire.
S’il
y avait deux disques, 22 - 1 = 3 mouvements seraient nécessaires.
S’il
y avait trois disques, 23 - 1 = 7 mouvements seraient nécessaires.
Comme
il y a huit disques, 28 – 1 = 255 mouvements seront nécessaires.
Bref,
pour déplacer les huit disques d’une tour, il faut 255 mouvements au
minimum.
Problème
2
Édouard
Lucas a imaginé une version eschatologique de la tour de Hanoï qu’il a
présentée sous forme d’une légende :
Sur
une des trois aiguilles de diamant, Dieu enfila 64 disques d'or, le plus
large reposant à la base et les autres, de plus en plus étroits,
superposés jusqu'au sommet. Les prêtres du temple doivent déplacer les
disques, nuit et jour, selon les règles de la tour de Hanoï. Quand la
tour sera reconstruite, ce sera la fin des mondes.
Quel
temps faudra-t-il pour transférer les 64 disques d'une aiguille à une
autre ?
Démarche
Le
nombre minimum de mouvements nécessaires est 264 – 1 ou 18
446 744 073 709 551 615. On a calculé qu'il faudrait près de six
milliards de siècles pour déplacer les 64 disques à raison d’un
mouvement par seconde.
* * * * * * *
|